La reconstruction du collège Les Vignes du Crey à Prauthoy lance un défi : concevoir un nouvel externat passif, sur un terrain exposé plein Nord, donc sans les apports solaires gratuits indispensables ; sur un terrain extrêmement pentu, alors qu’il doit être entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite; et sur un terrain occupé par un collège en activité, donc sans pouvoir choisir l’orientation la plus judicieuse.

Cette demande hors du commun exigeait une réponse radicale. C’est pourquoi le projet prend l’initiative d’une implantation selon la ligne de plus grande pente qui, pour difficile à traiter qu’elle soit, permet dans la manière dont elle est mise en œuvre ici, de résoudre en une seule démarche toutes les questions de performance thermique, d’accessibilité, de fonctionnement, de surveillance et de phasage.

La performance thermique ne se fait ni au détriment de l’esthétique, ni du confort d’usage, ni de l’économie globale de la construction. Pour ce faire, chaque lot participe de la logique de qualité environnementale et d’usage qui sous-tend la conception, en développant des caractéristiques spécifiques :

GROS-ŒUVRE :
Toutes les façades en contact avec le sol ou des zones exposées aux chocs sont en prémurs béton avec âme isolante de 15cm de polyuréthane, conciliant très forte isolation et inertie adaptées à la construction passive, avec très forte résistance mécanique intérieure et extérieure adaptée à un collège.

CHARPENTE BOIS :
En dehors des parties en prémurs, la totalité de la structure est en lamellé-collé, complétée de murs ossature bois pour les refends et les façades. Les refends sont remplis de 20cm de laine minérale pour assurer l’isolation phonique intérieure et les façades sont traitées avec 30cm de ouate de cellulose dans des caissons fermés par un pare-pluie en laine de bois. L’ensemble dispose ainsi à la fois d’une très forte isolation et d’un bon déphasage pour le confort d’été.
Les planchers sont de type collaborant bois-béton, avec chape flottante. La forte inertie de l’ensemble participe non seulement de la thermique mais également de l’acoustique (tous les planchers ont été calculés et vérifiés tant par un thermicien que par un acousticien). Les isolants sous chapes flottantes, dont les épaisseurs varient entre 5 et 12cm selon les besoins, sont tantôt en laine minérale, tantôt en polystyrène extrudé ou en polyuréthane, selon qu’ils complètent la performance acoustique ou thermique de la construction.
Les solivages sont laissés apparents dans les salles principales, créant un jeu de caissons complété de dalles absorbantes placés en alternances en partie basse ou haute des solives, pour la correction acoustique et le passage des réseaux.

COUVERTURE :
L’isolation du toit est constituée d’une laine de roche compressée de 6cm et d’un panneau de polystyrène expansé de 30cm. L’étanchéité se fait par membrane sans chlore, ni pvc, ni halogènes, complétée d’une végétalisation sur les terrasses visibles, qui participe autant du confort d’été que de la gestion des eaux pluviales.

MENUISERIES EXTERIEURES :
Les châssis sont certifiés passivhaus, Ils sont en bois-aluminium pour concilier absence d’entretien avec performance thermique maximale et aspect intérieur chaleureux.
Les triples vitrages des châssis sont à vide d’argon et à faible émissivité, avec espaceurs chauds, de facteur solaire > 0,6 pour conserver le maximum de lumière naturelle.
Sauf au Nord, les châssis, sont protégés par des BSO ou des volets pantographes motorisés et raccordés à un module de commande centralisée qui pilote l’ouverture et l’orientation des lames de façon à optimiser les apports solaires.

CHAUFFAGE :
Une chaufferie bois fonctionnant aussi bien aux plaquettes qu’aux granulés est installée dans la demi-pension, de façon à profiter de la cour de service pour les livraisons, tout en se trouvant au plus près des locaux ayant les plus gros appels de puissance pour une perte en ligne réduite. Cette chaufferie est destinée au chauffage de la demi-pension et du bâtiment maintenance-vestiaires, à la production d’ECS de la cuisine, ainsi qu’au complément sur la ventilation des bâtiments (compris externat) et pour la compensation d’air des hottes.

VENTILATION :
Mise en place d’une ventilation double flux avec appoint électrique directement au niveau des bouches de soufflage pour les locaux occupés en dehors du temps scolaire (administration), ce qui évite des appels de puissance lorsque le reste de l’externat n’en a pas besoin.
Appoint par batteries chaudes dans les salles de classe, d’une puissance limitée à 10 W/m² pour permettre un chauffage par vecteur air.
Les centrales de traitement d’air sont équipées de récupérateurs de chaleur à roue permettant un rendement jusqu’à 85%. Elles sont pilotées par la GTC.
Centrales spécifiques en externat, salle polyvalente, et administration, pour gérer l’intermittence d’occupation.
Diffusion d’air dans les salles par des grilles placées sur des gaines apparentes soigneusement calepinées, pour une maintenance aisée, et sous plafond métallique dans les circulations.

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