Etymologiquement, le « cinématographe », c’est l’écriture, le graphisme, en mouvement. Métaphoriquement, c’est le voyage immobile, auquel est convié le spectateur. Entre Image et Voyage, le multiplexe a donc deux façades. Au Sud, la façade du voyage est un capotage métallique homogène et unificateur : courbe aérodynamique et sobriété protectrice, comme le carénage d’une locomotive. Au Nord, la façade de l’image est une surface minérale, plane et lisse : mur sur lequel on colle une affiche, page que l’on imprime, écran où l’on projette.

Ce double regard sur les façades, c’est aussi celui du bâtiment sur la ville : côté Sud sa silhouette dynamique s’élance vers les nouveaux quartiers ; côté Nord, sa sobriété intemporelle fait écrin au centre historique. Car il s’agit d’assumer tous les possibles du site puisque le projet s’inscrit dans un contexte d’insertion urbaine singulier: le bâtiment est existant et c’est son environnement qui est en devenir, dans ses usages, ses flux, et jusque dans sa topographie. Le choix d’un traitement presque abstrait des façades du multiplexe va donc plus loin que la simple métaphore du cinéma. Il laisse toute liberté technique et architecturale à ses abords pour ne pas obérer leur avenir.

Les métaphores du voyage et de l’image se prolongent à l’intérieur du bâtiment, avec les circulations publiques, espaces du mouvement, regroupées au Sud, et les salles, espaces de l’image, regroupées au Nord. Mais cette symbolique est aussi pragmatique :
- les accès aux escaliers et à l’ascenseur sont regroupés favorisant la surveillance et le contrôle des billets depuis un seul point
- l’atrium où se déploient les escaliers révèle la verticalité des lieux tout en créant un tampon acoustique pour préserver les salles des nuisances de la circulation routière
- le grand vide de l’atrium permet des affichages intérieurs spectaculaires
- toutes les salles sont directement connectées à l’atrium ce qui facilite le repérage dans l’espace

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